La pyramide de prévention est à l’origine un outil conçu par J. Deklerck de l’Université de Louvain aux fins de classifier l’impact des différentes mesures pouvant être prises en matière d’aide à la jeunesse. Elle permet de visualiser l’importance de l’orientation « bien-être » pour prévenir à long terme toutes les formes de criminalité et de transgression.
Elle peut ainsi, sans réserve, illustrer l’impact et les risques liés aux différents types de mesure pouvant être prises pour contrer le harcèlement entre jeunes et constitue, de ce fait, un outil précieux pour prioriser les actions de prévention et d’intervention souhaitées dans un contexte donné.
La pyramide de prévention se compose de cinq niveaux, numérotés de 0 à 4.
Les niveaux 1 à 4 constituent des « niveaux d’action », dans lesquels un certain nombre de mesures sont mises en place.
Ils se différencient les uns des autres en fonction de leur degré d’orientation face au problème, les deux niveaux inférieurs, le niveau 1 et le niveau 2, proposant une orientation résolument « bien-être » et les deux niveaux supérieurs, le niveau 3 et le niveau 4, une orientation focalisée sur le problème qu’on veut solutionner.
Ces 4 niveaux sont essentiels. Leurs conséquences sont néanmoins diverses en termes d’avantages et de risques, d’où l’utilité de tenir compte, dans chaque situation problème, de cette réalité, compte tenu de l’objectif poursuivi.
Exemples :
Si nous sommes dans une réflexion sur ce que nous voulons dans notre établissement/organisation/association à long terme je remonte les niveaux de la pyramide du 0 à 4.
Quand nous sommes face à un cas de harcèlement nous descendons dans la pyramide, en commençant par le choix et mise en place d’une mesure curative, évidemment, mais qu’est-ce que nous mettons en place pour éviter que ça recommence ? Et qu’est-ce que nous pouvons mettre en place en prévention par la suite ? Comment travailler la dynamique de groupe ?
>> Plus nous allons nourrir les 2 premiers niveaux (prévention fondamentale et prévention générale) plus la prévention spécifique aura un bon impact et les situations demandant de mesures curatives seront moindres.
Pyramide des mesures prévention et intervention
Exemples :
PREV. FONDAMENTALE :
Améliorer la qualité de vie
- Règles de vie / de fonctionnement
- Favoriser la participation, l’implication de chacun et la coopération
- Créer des espaces de communication et d’échange
- Améliorer l’ambiance par des moments-clés
- Projet d’établissement et plan concret d’actions
- Améliorer l’infrastructure (salles de classe, couloirs, toilettes, alimentation, détente...)
- Activités parascolaires
- Organiser des sorties, activités (multi)culturelles, mises au vert
- Elaborer des méthodes collaboratives, d’entraide (conseils de coopération)
- Prévoir un cadre ou un plan pour la gestion de crises
- Plan d’accueil de nouveaux élèves / personnel
PREV. GENERALE :
Démarche éducative, formative : développer les habilités sociales, relationnelles et émotionnelles
- Former à la CNV, écoute active, gestion du stress, régulation des émotions, gestion des conflits, …
- Proposer des animations sur la cohésion, la coopération, …
- Favoriser la pédagogie différenciée, en projets, active
- Développer la communication (message clair) et l’écoute de soi et de l’autre
- Travailler la dynamique de groupe et la place de chacun
- Développer l’empathie
PREV. SPECIFIQUE :
Centrée sur le problème
Plan de prévention et d’intervention par rapport à une problématique (Ex. EVRAS, assuétudes, etc.). Ici, sur le harcèlement à l’école (mais cela peut également se faire par rapport à la gestion de conflits) :
- Sensibiliser autour de la problématique du harcèlement
- Définition commune pour tous les acteurs
- Rôles de chacun dans la dynamique du harcèlement
- Mettre en place un programme d’animations avec les thématiques suivantes :
- les normes, l’effet de groupe, la pression à la conformité
- le désengagement moral
- les étiquettes et préjugés (stigmatisation de différences)
- les dynamiques d’exclusion, rejet, moqueries et harcèlement
- quelques pistes pour s’en sortir
MESURES CURATIVES :
La réponse est
axée sur le problème (réparer et limiter les dégâts)
- Intervention dans des situations de crise ou d’urgence
- Régulation, médiation, rétablissement des relations
- Mesures d’accompagnement (services spécialisés)
- Exclusions temporaires, permanentes
- Interdire certains accès
- Sanctions éducatives, réparatrices
- Croiser les informations (cahier des faits anodins ou répertoire)
- Plan de signalement en cas de harcèlement
- Baliser l’intervention générale (stopper, nommer, signaler)
- Former une cellule d’intervention en cas de harcèlement, outiller une équipe avec des méthodes d’intervention
- Intervenir systématiquement en situation potentielle de harcèlement (recevoir le signalement, évaluer, régler et assurer le suivi)
Attention : un cas de harcèlement ne se résout pas comme une simple dispute entre 2 personnes. 1 enfant qu’on renvoie d’une école, qu’aura-t-il appris ? En plus, cet harceleur peut être remplacé par un autre qui va prendre sa place… -> dynamique de groupe : « exigences des rôles ».
Il vaut mieux, prendre de l’information, recouper ces infos et agir avec discernement selon une procédure qui permettra à tout le monde de s’en sortir grandi.
- Un outil d’analyse des mesures de prévention et d’intervention
- Une vision plus générale à court, moyen et long terme
- Un outil pour planifier et évaluer les différentes actions menées dans un établissement
Plus nous allons nourrir la prévention fondamentale et la prévention générale, plus nous allons proposer les comportements et attitudes qui sont souhaitables chez les enfants/jeunes avec qui on travaille, plus nous allons éviter la persistance du harcèlement et plus la prévention spécifique et les mesures curatives seront efficaces (on les a rendus compétents et on a contribué à changer la norme).
